C'est la 1ère de couverture qui m'a attirée vers ce petit livre très simple.
Arthur chômeur de longue durée va accepter un emploi dans une société qui fabrique des crayons de couleur, celle-ci va faire faillite et Arthur va décider de mettre tous les derniers pigments restants dans la dernière production de crayon. A partir de ce moment toutes les couleurs vont disparaitre, seule le gris, noir et blanc resteront visibles. Charlotte, la voisine d'Arthur est aveugle, elle est spécialiste des couleurs et donne chaque jour une chronique radio à ce sujet. Les couleurs ayant disparues, Charlotte va être très sollicitée. Ce roman a le mérite de nous faire découvrir ou redécouvrir l'importance des couleurs dans un monde où le noir, le gris et le blanc dominent de plus en plus. On redécouvre le pouvoir et l'influence des couleurs sur le comportement des individus et sur l'ensemble de la société et bien sûr, sur notre moral!
Quatrième de couverture: Au début du vingtième siècle, le Népal est encore pratiquement interdit aux étrangers. Grâce à quelques-uns de ses amis, et surtout grâce à une connaissance subtile de l’âme orientale, Alexandra David-Néel (1868-1969) parvient à y entreprendre le plus étonnant des voyages. Publié en 1949 mais longtemps demeuré introuvable, Au coeur des Himalayas relate le pèlerinage que « Jétsunema » (la « Dame-Lama ») effectua durant l’hiver 1912-1913 sur les lieux mêmes où vécut le Bouddha. Son récit éclaire une civilisation à la fois cruelle et mystique qui échappe à tous les critères d’analyse de la pensée occidentale. C’est une très riche leçon d’histoire humaine autant qu’une captivante expérience vécue.
Mes impressions: Après un séjour de 18 jours au Népal et essentiellement à Katmandu, je me suis empressée de lire A. D. Neel. Plusieurs choses m'ont marquée dans son récit. Tout d'abord, en début du siècle dernier, il n'y avait rien que la campagne autour de Katmandou qui n'était quasiment qu'un village. Pour se rendre dans les différents temples, elle a traversé la campagne ou les rizières alors que les temples font partie de la même ville aujourd'hui. Et la circulation y est très dense (à pied, vélos, pousse-pousses, motos, voitures, bus et tracteurs). Katmandu est passé de quelques milliers d'habitants à 3 millions...
Ensuite, Alexandra David-Neel évoque souvent la saleté des temples. les lieux de d'offrande sont répugnants, les chiens viennent lécher le sang asséché déposé sur les sculptures, les fleurs fanées s'entassent... et c'est toujours d'actualité...
Par contre les gens sont comme aujourd'hui très gentils, prévenants et courtois.
Photo de la jaquette: Gustav KRUPP qui comme d'autres industriels ont construit leur fortune sur le dos des prisonniers des camps de concentration notamment.
Ce petit chef d'oeuvre historique d'Eric Vuillard relate une suite de rencontres déterminantes entre 1933 et 1938. Le rêve d'Hitler est d'unifier les pays de langue allemande en une Grande Allemagne dont il serait le maître absolu. En 1936, il signe l'Accord germano-autrichien qui reconnaît l'intégrité de l'Autriche et la non-ingérence de l'Allemagne. En 1938, soutenu par les nazis autrichiens, civils et membres du gouvernement, il arrache un nouvel accord au chancelier Schuschnigg, remplacé illico par le sinistre Arthur Seyss-Inquart.
Ce qui fait la richesse passionnante de ce livre est le questionnement constant de l'auteur sur l'attitude de ces hommes politiques : ignorance ou légèreté, aveuglement ou crédulité, expectative ou manque d'anticipation, laxisme ou manque de courage ? On se demande comment ces hommes à hautes responsabilités, Anglais autant que Français, ont fait pour se laisser impressionner et intimider par la stratégie de manipulation d' Hitler. Il prévoit déjà de les faire plier à sa volonté, ce qui conduira aux Accords de Münich de septembre 1938 qui scellent l'annexion des Sudètes à l'Allemagne et le début de la Deuxième Guerre mondiale. Eric Vuillard est également cinéaste et il ne lui a pas échappé que tous les documents liés aux discours d'Hitler et à l'hystérie collective qu'il suscitait, sont des films de matraquage orchestrés par Josef Goebbels. Ce récit est une remarquable approche des éléments fondateurs de la Deuxième Guerre mondiale, certainement basé sur une documentation colossale et pourtant ramassé sur 150 pages. (Résumé tiré des Sources Babelio). Un ouvrage très clair et très intéressant.
Un livre que je n'ai pas réussi à terminer... Société contemporaine certes mais avec tout ce qu'elle comporte: Haine, violence, drogue, escroqueries et j'en passe.
EXTRAIT de L'EXPRESS du 16 janvier 2015
Vernon Subutex est un grand livre parce que, précisément, il dérange. [...] Virginie Despentes est un écrivain remarquable, à la plume tantôt fine et tantôt déliée. On retrouve sa hargne, sa colère, à travers des phrases dures comme les pierres. On découvre son ton, précis et juste, loin de la caricature.
J'ai toujours été attirée par cette sculpture de Degas, cette jeune ado pas très jolie au petit nez pointé en l'air et sa posture de danseuse peu élaborée. Le mélange des matières me fascine ainsi que les couleurs. Alors quand j'ai découvert ce livre dont je ne connaissais l'auteur que de nom je n'ai pas cherché à résister...
Elle est célèbre dans le monde entier mais connait-on son nom? On peut admirer sa silhouette dans plusieurs musées (Orsay) mais où est sa tombe?
Camille LAURENS va dévoiler ce personnage dans ce récit qui représente un volet de son doctorat " Pratique et théorie de la création artistique et littéraire". Ce qui explique les nombreuses notes et références qui ralentissent un peu le rythme de la lecture.
En 1881, exposée au salon des Indépendants, cette sculpture dérange voire scandalise... Elle est en cire alors que cette matière est prévue pour une étude préparatoire et non définitive. Elle est habillée de vrais vêtements comme une poupée, coiffée de vrais cheveux. Tous les artistes se précipitent vers cette sculpture enfermée dans une cage de verre et tous de s'exclamer: " Ce n'est pas de l'art! Quel laideron! L'art peut-il tomber plus bas?"
Les premières pages du livre de Camille Laurens nous dévoilent l'envers du décor: les coulisses de l'Opéra de Paris où le monde de la danse classique s'apparente beaucoup plus à une société permissive et malsaine pour le bon plaisir de ces messieurs.
Misère, travail harassant, prostitution, sont le quotidien d'un bon nombre de petit rats, vendus comme une marchandise par leurs familles. Un métier pénible et sans avenir pour la plupart... et moi qui regardait à la télé "L'âge heureux" étant petite, j'étais loin d'imaginer cet enfer...
L'auteur enquêtrice, retrouve les traces de la jeune ado et tente de la réhabiliter . Elle réussit cet exploit en parlant à cette jeune jeune fille, s'adressant à elle en la tutoyant. Son discours est plein d'empathie, de tendresse et de nostalgie.
Ainsi, ce personnage ne nous est plus inconnu et on aimerait en savoir plus...
Les dernières phrases de ce récit me font encore frisonner:
L'auteur parle d'une autre sculpture: "L'ECOLIERE" et écrit:
"Tu as l'air de marcher tranquillement dans la rue, d'aller vers ton école. Je vais te laisser sur cette image qui me fait du bien. A moins qu'une autre ne convienne mieux au bizarre chagrin que j'éprouve à te quitter. C'est une oeuvre dont tu as pu être le modèle mais qu'on n'a jamais retrouvée, elle est seulement décrite dans une lettre dans une lettre de Jacques- Emile Blanche, en juin 1882, après une visite à l'atelier de Degas. il y a vu dit-il, unenouvelle sculpture de lui, un projet funéraire peut-être lié au décès d'une de ses nièces: " Une petite fille à moitié couchée dans son cercueil mange des fruits; à côté, un banc où la famille de l'enfant pourra venir pleurer (car c'est un tombeau)."
Je suis assise sue ce banc, Marie. C'est de là que je t'écris. "