Hemley-Boum est romancière camerounaise et vit à Paris. Dans ce roman, elle raconte la vie d'une famille sur trois générations.

        Nous sommes sur une plage, là où le fleuve se jette dans lamer, là où la pêche est miraculeuse. Dans cette petite bourgade, les hommes sont pêcheurs de père en fils, les femmes cultivent la terre, les enfants sont heureux. Jusqu'au jour où une coopérative est créée pour gérer le marché du poisson. Exporté ailleurs, il va falloir pêcher davantage. Alors les chalutiers arrivent eux aussi et les pêcheurs en pirogue ne font plus le poids. Ils sont contraints de s'embauchent sur les chalutiers modernes. Avec la coopérative, arrivent les marchandises... des objets dont les familles se sont toujours passées... des objets inutiles,  mais l'envie de faire plaisir tente Zacharias qui va tout doucement s'endetter, vendant un poisson qu'il n'a pas encore pêché. Moto, four, chaussures pour se femme, vêtements pour ses filles vont le ruiner et détruire son couple....

        Un autre pan de l'histoire nous emmène à Paris, petit-fils de Zacharia, Zach a fui son pays et sa mère prostituée et alcoolique. Malgré la racisme dont il est victime, Zach étudie et devient psychologue-clinicien. Il s'occupe d'enfants qu'il tente de sauver, mais un de ses patients le ramènera vers sa propre histoire...

       Par ces deux histoires entremêlées, l'auteur nous raconte le destin d'une famille camerounaise soumise à la cruelle loi du marché mondial, avec l'arrivée de la pêche industrielle, du capitalisme, de la société de consommation.

        Un très beau roman très agréable à lire. J'ai surtout aimé la première partie très nature de la vie de Zacharia pêcheur.

      Voici la biographie un peu romancée de Sonia Pierre, née en 1963 de parents haïtiens, avocate et militante des droits de l'homme décédée en 2011.

      Sonia Pierre est née en République Dominicaine dans un baley: un campement où vivent les braceros (les coupeurs de canne à sucre). Si l'esclavage est aboli, les gens de ce campement sont soumis à des heures de travail épuisant, seule différence.... ils reçoivent une petit salaire.

      Sonia a la chance d'aller à l'école et d'être prise sous l'aile de son instituteur-prêtre. Dès l'âge de13 ans en 1976, elle organise une manifestation réclamant une hausse de salaire et de meilleures conditions de travail, ils obtiendront quelques aménagements. 

     En 1981, elle a 18 ans,  elle crée la MUHDA: mouvement des femmes dominico-haïtiennes afin de faire connaître la dureté du travail et les injustices des travailleurs des balayes. 

     Malgré les nombreuses menaces, elle se battra toute sa vie pour les droits humains au détriment de sa vie d'épouse et de mère. Elle restera une femme exceptionnelle et déterminée.

    Le seul élément non réel apporté à ce roman est l'existence de Kerline, l'amie d'enfance de Sonia. kerline passera toute sa vie dans le baley et travaillera toute sa vie dans la plantation comme une esclave pour élever tant bien que mal ses nombreux enfants.  L'auteur fait ainsi le parallèle entre les deux personnages, nous laissant imaginer ce qu'aurait pu être la vie de Sonia si son instituteur ne l'avait pas remarqué. 

    Un roman fort, très bien documenté, très agréable à lire. Une vie de discrétion que met à l'honneur Catherine Bardon. 

      Nous sommes en 2023, Aysuun a 106 ans lorsqu'elle raconte sa vie à "Petit Frère" , un étudiant qui s'intéresse au peuple de Aysuun.

      1930, Aysuun a 13 ans lorsqu'elle est laissée pour morte, violée et battue à mort par les hommes du régime communiste qui veut éradiquer le peuple nomade, Aysuun est Touvan.

      20 ans plus tard, Les Mongols et les Touvans sont toujours poursuivis par l'empire soviétique. Aysuun est devenue une belle jeune fille et excellente cavalière. Avec son amie Oligbay, fille des steppes, elles vivent dans le district militaire de Transbaïkalie. Le commandants qui dirige ce camp vient d'être remplacé par un colonel: Kariakine. Aysuun l'a reconnu et lorsqu'il va vouloir parader sur son magnifique cheval Aysuun va le provoquer.... et je vous laisse découvrir la suite!

      Commence une histoire pleine de surprises et de rebondissements. Ajoutez à cela des descriptions de la steppe, des légendes des Touyvans, de leurs superstitions, de leurs coutumes  et vous avez un roman prenant et très intéressant que l'on ne lâche pas!

      "L'homme semence" raconte la vie des femmes dans un village des Basses-Alpes.

        Un peu d'histoire: Après le coup d'état de 1851 (L.N. Bonaparte conserve le pouvoir), quelques régions urbaines en Bourgogne et en Provence vont réagir. Pendant les affrontements entre insurgés et armée, plus de 27 000 personnes seront arrêtées et inculpées. 

       En 1952, Violette Ailhaud est en âge de se marier mais suite aux soulèvements, il n'y a plus aucun homme dans son village des basses-Alpes. Durant deux années, les villageoises vont être seules face au travail des champs entre autres. Les femmes se sont fait la promesse que si un homme arrive dans leur village, il sera le mari de chacune d'entre elles afin que de procréer et redonner vie à leur village.....

      Claude Chalabreysse est un grand voyageur, il a présenté son livre dans la cadre de l'exposition de carnets de voyage de Saint Etienne les Orgues en juin de cette année 2024.

       Je m'attendais à lire un récit de voyage mais cet ouvrage est bien plus que cela car l'auteur nous interpelle sur les enjeux géopolitiques de cette région et le devenir des peuples non reconnus.

        L'auteur nous emmène au Kurdistan, une région enclavée entre La Turquie, L'Iran, La Syrie et l'Irak. Cette région a subi le découpage par deux hommes, un ministre britannique et un diplomate français, un découpage entériné en 1920 par le traité de Sèvres. Mais 3 ans plus tard le traité de Lausanne redessine les frontières. Alors que le Kurdistan était promis à une dépendance, l'arrivée de Mustafa Kemal rebat les cartes. Aujourd'hui, le Kurdistan est un pays sans frontière, sans existence officielle.

       Si l'auteur a choisi cette région, c'est par intérêt qu'il porte aux peuples opprimés, oubliés ou en guerre, et il se sent particulièrement proche du peuple kurde.

      Au travers des rencontres, l'auteur démontre le rôle important que joue ce peuple dans la lutte contre Daech et il insiste beaucoup sur la défense des droits de la femme.

      En fait, "Aux confins de l'Orient" est un voyage à la fois littéraire (de nombreuses références d'auteurs), géographique, politique et humain dont les réflexions sont issues de la rencontre des habitants.

       C'est la photo de la 1ere de couverture qui m'a attirée puis un pan de l'histoire que je connaissais que par ouï-dire. 

       Nous sommes à Hyères, dans le Var en 1945, la seconde guerre mondiale s'achève mais sur la Côte d'Azur, les plages ont été défigurées par les bombardements laissant d'immenses trous et de nombreuses mines encore actives. Des équipes de volontaires et de prisonniers allemands vont chaque jour sillonner les plages au risque de sauter sur une mine. A tâtons, ils vont creuser le sol à la recherche de mines qu'un démineur neutralisera, un danger de chaque instant. 

      Parmi eux, Fabien a quitté le maquis mais continue sa propre guerre en travaillant au déminage; Lukas et Hans sont là espérant bénéficier d'une réduction de peine; Vincent qui a perdu l'amour de sa vie se jette dans cette mission tout en recherchant Ariane qu'il espère encore en vie....

     Un roman historique très bien documenté dont l'histoire "romanesque" allège la lecture.

    Les opérations de déminage sont très bien détaillées et le contexte historique documenté.

   Les différents caractères et le vécu des personnages permettent de mettre en scène la justice, l'entraide, les règlements de compte, la méfiance, le profit, l'amitié...

    Un roman très poignant et intéressant.

QUATRIEME DE COUVERTURE: Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison provinciale de Montréal, où il partage une cellule avec Horton, un Hells Angel incarcéré pour meurtre. Fils d'un pasteur danois et d'une exploitante de cinéma à Toulouse, Paul Hansen vivait déjà au Canada quand s'est produit le drame.
      À l'époque des faits, Hansen est superintendant à L'Excelsior, une résidence où il trouve à employer ses talents de concierge, de gardien, de factotum, et – plus encore – de réparateur des âmes et consolateur des affligés. Lorsqu'il n’est pas occupé à venir en aide aux habitants de L'Excelsior ou à entretenir les bâtiments, il rejoint Winona, sa compagne.
      Aux commandes de son avion, Winona l'emmène en plein ciel, au-dessus des nuages.
Mais bientôt tout change. Un nouveau gérant arrive à L'Excelsior, des conflits éclatent. Et l'inévitable se produit. Une église ensablée dans les dunes d'une plage, une mine d'amiante à ciel ouvert et les méandres d’un fleuve couleur argent, les ondes sonores d'un orgue ou les traînées de condensation d'un aéroplane composent les paysages de ce roman.
      Histoire d'une vie, "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" est l'un des romans les plus aboutis de Jean-Paul Dubois. On y découvre un écrivain possédant au plus haut point le sens de la fraternité et animé par un sentiment de révolte à l'égard de toutes les formes d’injustice.

Un roman qui m'a laissée sans avis. Quelques situations coquassent mais globalement j'ai subi cette lecture.

    Enfant battue par son père, Sandrine est devenue une jeune femme fragile, mal dans sa peau, timide, n'aimant pas son corps, elle n'ose pas mais est pleine d'empathie envers les autres. 

   Aussi, lorsqu'elle découvre l'homme qui pleure sa femme disparue lors de son jogging, Sandrine décide de participer à la marche blanche. L'homme qui pleure la regarde et Sandrine fond sous ce 1er regard attentionné.

    Sandrine s'installe très vite chez cet homme et son fils Mathias dont elle s'occupe. C'est le véritable bonheur jusqu'au jour où la première femme apparaît à la télévision. Caroline est dans un hôpital italien totalement amnésique, elle est à la recherche de son passé. 

     Petit à petit l'homme qui pleure va devenir Mr Langlois, le violent, le persécuteur et l'histoire devient oppressante.... et je vous laisse découvrir la suite...

     Un roman psychologique très bien mené et bien écrit. Un roman éprouvant car d'actualité... 

   Klara est enceinte, elle attend Adolph Hitler !

    Au travers de sa grossesse, Régis Jauffret laisse s'exprimer Klara, la narratrice. Alors que Hitler a toujours tenté de cacher ses origines pas très glorieuses, cette "mise en scène" permet de dévoiler les antécédents de Hitler.

     Klara vivait dans la misère, elle était employée de maison au service d'un oncle qu'elle épouse au décès de sa deuxième femme. Ce mari était violent voire tyrannique, il imposait un devoir conjugal violent et avait des enfants illégitimes. La vie de Klara n'était que travail, maladies et grossesses (sur  6 seuls  enfants ont atteints l'âge adulte). Tyrannisée par son époux, Klara se croit pêcheresse et ses confessions inquièteront beaucoup son confesseur. Elle a peur de transmettre ses péchés à son enfant. De ce fait, le lecteur ne peut s'empêcher de faire le lien avec les atrocités à venir.

     Le récit de Régis Jauffret s'arrête à la naissance de Hitler , il ne porte ainsi aucun jugement ou motif psychologique sur les raisons du devenir de Hitler. 

     De plus de façon subjective, grâce à un style très travaillé, longues phrases, rythmes,  sous entendus... le lecteur ne peut échapper à l'histoire...

     Un roman très documenté "original" et inattendu qui ne laisse pas indifférent.

    Lors d'un concert à Cracovie, la violoniste Régina découvre que son violon a appartenu à son oncle déporté à Auschwitz. C'est l'histoire de ce violon que relate l'auteur.

    Nous sommes dans le camp d'Auschwitz où Daniel est déporté. Son métier de menuisier lui permet d'échapper aux durs travaux du camp et de survivre. Lors d'un concert demandé par le commandant du camp, celui-ci veut punir Bronislaw, un violoniste qui joue faux. Daniel va le défendre incriminant la mauvaise qualité du violon et va proposer de le réparer. Satisfait de cette réfection, le commandant va demander la fabrication d'un violon dont le son sera identique à un Stradivarius.

   Ce que j'ai retenu de cette lecture c'est le contraste qu'il y a entre la beauté du violon, de l'amour de Daniel pour le fabriquer et la rudesse et la cruauté des camps.

   En début de chapitre, l'auteur ajoute quelques faits réels de le vis en camp qui remet très vite le lecteur dans le contexte...