Alors que Emmanuel Carrère n'a pas été impliqué dans V13, il a voulu et a pu assister chaque jour des 9 mois qu'a duré le procès du Bataclan. Alors qu'il pensait écouter quelques séances, il s'est trouvé embarqué dans ce procès, impossible d'abandonner toutes ces victimes...
Dans ce témoignage il rapporte avec fidélité les 9 mois de procès qu'il a chroniqués à l'époque dans plusieurs journaux.
Je vous laisse découvrir le résumé de Babelio qui reflète totalement mon ressenti : Le procès fleuve des attentats du 13 Novembre 2015, qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Saint-Denis et à Paris, s'est tenu entre septembre 2021 et juin 2022. Pendant dix mois, plus de 300 témoins ont été entendus, dont des rescapés de cette nuit d'horreur. Les 20 accusés ont été jugés. Parmi eux, Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos de l'organisation du groupe État islamique, commanditaire de ces attaques. Emmanuel Carrère a assisté à l'intégralité du procès et tenu une exceptionnelle chronique hebdomadaire, publiée dans 4 grands journaux européens, L'Obs en France, El País en Espagne, La Repubblica en Italie, Le Temps en Suisse.
V13 (« comme tous, magistrats, avocats, journalistes, appelons ce monstrueux procès du vendredi 13 novembre dans lequel nous sommes embarqués », écrit E. Carrère) rassemble l'ensemble de ces chroniques. C'est une descente aux enfers dans laquelle l'écrivain parvient toujours à saisir l'humanité des uns et des autres, qu'elle soit bouleversante, admirable, ou abjecte. Il saisit l'ironie terrible des propos, des situations. Il refait le récit des événements, et surtout livre son écoute magnifique des paroles et des silences de ce procès. Il en fait notre histoire. Il donne à cet écheveau complexe d'horreur, d'idéologie, de folie et de détresse, une dimension universelle, profondément humaine, qui atteint chacun d'entre nous : « Marylin porte toujours sur elle, dans un petit tube en plastique, l'écrou de 18 mm qu'on a extrait de sa joue. Elle le sort de son sac, ce tube, devant la Cour. Elle dit : Je veux bien vous le montrer, mais je le garde. Elle le remet dans son sac et elle repart avec, et 250 autres témoignages vont déferler après et écraser le sien, mais quand même, Marylin qui s'éloigne, seule, gracieuse et triste, tellement triste, avec son écrou dans son tube, je ne l'oublierai pas. »
Ce récit est écrit en 3 parties:
1- Les civils au nombre de 2400, soit 300 témoins. Des témoignages touchants et lucides. beaucoup de redites mais chacun a son propre vécu.
2- Les accusés au nombre de 14, tous des "seconds couteaux" puisque 8 tueurs sont morts en se faisant exploser tuant tous ceux qui étaient à proximité. Beaucoup de silence, certains refusant de parler.
3- La cour avec un président et 4 magistrats. Il n'y a pas de jury populaire dans un procès pour terrorisme par peur des représailles. Emmanuel Carrère les appelle "Les Chevaliers du pénal" car à la fin du procès il faut rendre un jugement, il faut trancher en jugeant des personnes et non pas Le Terrorisme, La Religion ou Le Racisme..
Bien que le sujet soit délicat, Emmanuel Carrère a su retracer ce procès de façon intéressante, soulevant des questions mais ne prenant aucun parti pris. Il nous laisse réfléchir à propos de l'être humain, de l'emprise de la religion, des opportunités, des rencontres qui peuvent mener là où il ne faudrait pas, des hasards de la vie.....etc