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La petite danseuse de quatorze ans de LAURENS Camille

J'ai toujours été attirée par cette sculpture de Degas, cette jeune ado pas très jolie au petit nez pointé en l'air et sa posture de danseuse peu élaborée. Le mélange des matières me fascine ainsi que les couleurs. Alors quand j'ai découvert ce livre dont je ne connaissais l'auteur que de nom je n'ai pas cherché à résister...

Elle est célèbre dans le monde entier mais connait-on son nom?                       On peut admirer sa silhouette dans plusieurs musées (Orsay) mais où est sa tombe?

Camille LAURENS va dévoiler ce personnage dans ce récit qui représente un volet de son doctorat " Pratique et théorie de la création artistique et littéraire". Ce qui explique les nombreuses notes et références qui ralentissent un peu le rythme de la lecture.


En 1881, exposée au salon des Indépendants, cette sculpture dérange voire scandalise... Elle est en cire alors que cette matière est prévue pour une étude préparatoire et non définitive. Elle est habillée de vrais vêtements comme une poupée, coiffée de vrais cheveux. Tous les artistes se précipitent vers cette sculpture enfermée dans une cage de verre et tous de s'exclamer: " Ce n'est pas de l'art! Quel laideron! L'art peut-il tomber plus bas?"


Les premières pages du livre de Camille Laurens nous dévoilent l'envers du décor: les coulisses de l'Opéra de Paris où le monde de la danse classique s'apparente beaucoup plus à une société permissive et malsaine pour le bon plaisir de ces messieurs.

Misère, travail harassant, prostitution, sont le quotidien d'un bon nombre de petit rats, vendus comme une marchandise par leurs familles. Un métier pénible et sans avenir pour la plupart... et moi qui regardait à la télé "L'âge heureux" étant petite, j'étais loin d'imaginer cet enfer...

L'auteur enquêtrice, retrouve les traces de la jeune ado et tente de la réhabiliter . Elle réussit cet exploit en parlant à cette jeune jeune fille, s'adressant à elle en la tutoyant. Son discours est plein d'empathie, de tendresse et de nostalgie.

Ainsi, ce personnage ne nous est plus inconnu et on aimerait en savoir plus... 
 

Les dernières phrases de ce récit me font encore frisonner:

L'auteur parle d'une autre sculpture: "L'ECOLIERE" et écrit:

"Tu as l'air de marcher tranquillement dans la rue, d'aller vers ton école. Je vais te laisser sur cette image qui me fait du bien. A moins qu'une autre ne convienne mieux au bizarre chagrin que j'éprouve à te quitter. C'est une oeuvre dont tu as pu être le modèle mais qu'on n'a jamais retrouvée, elle est seulement décrite dans une lettre dans une lettre de Jacques- Emile Blanche, en juin 1882, après une visite à l'atelier de Degas. il y a vu dit-il, unenouvelle sculpture de lui, un projet funéraire peut-être lié au décès d'une de ses nièces: " Une petite fille à moitié couchée dans son cercueil mange des fruits; à côté, un banc où la famille de l'enfant pourra venir pleurer (car c'est un tombeau)."

Je suis assise sue ce banc, Marie. C'est de là que je t'écris. "


 

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