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Un monde à portée de main de Maylis De KERANGAL

Dans ce roman, Maylis nous plonge une nouvelle fois dans un milieu inhabituel.

Cette fois-ci, elle a choisi le monde de la peinture et plus particulièrement le trompe-l'œil et le facsimilé.

Paula, , Kate et Jonas étudiants dans cet Institut de la rue du Métal en Belgique vont sympathiser et rester en contact après leur année d'études.

Avec une magnifique écriture, un vocabulaire adapté, des explications détaillées l'auteur nous transporte à Bruxelles, Moscou et enfin Lascaux.

L'auteur s'attache plus particulièrement au personnage de Paula qui après 2 années d'études des arts entre dans cette école dans laquelle elle s'émancipe et se dévoile.

J'ai pensé que Maylis De Kérangal connaissait bien le monde des jeunes adultes qui se cherchent, ont des manières , un langage qui leur son propre car on retrouve nos jeunes qui nous entourent dans ses descriptions.

Cette auteure connaît bien le monde de l'imitation car elle explique comment apprendre à  imiter le bois, le marbre, l'écaille de la tortue.... et surtout,comprendre comment  entrer en relation avec le sujet à imiter, et cela c'est Jonas qui fera prendre conscience à Paula de cette dimension: être sensible à la mélancolie de l'orme, à la vitesse du frêne, à la paresse du saule blanc...

Certes je suis une inconditionnelle de Maylis mais j'avoue que cette fois et encore plus que les précédentes lectures,  je me suis laissée emportée par ses phrases en mouvement...

Bref un régal !!!

Extrait: " Octobre, les bois. Sensation d'entrer dans une pénombre que trouent çà et là des puits de lumière, dans un espace acoustique que traversent, harmonieux ou dissonants, d'autres corps et d'autres voix. D'autres langues aussi, et celle que l'on parle dans l'atelier est une langue inconnue que Paula doit apprendre...elle engrange les mots tel un trésor de guerre, tel un vivier, troublée d'en deviner la profusion - comme une main plonge à l'aveugle dans un sac sans jamais en sentir le fond -, tandis qu'elle nomme les arbres et les pierres, les racines et les sols, les pigments et les poudres, les pollens, les poussières, tandis qu'elle apprend à distinguer, à spécifier puis à user de ces mots pour elle-même, si bien que ce carnet prendra progressivement valeur d'attelle et de boussole : à mesure que le monde glisse, se double, se reproduit, à mesure que la fabrique de l'illusion s'accomplit, c'est dans le langage que Paula situe ses points d'appui, ses points de contact avec la réalité."

C'est beau non !!!!

 

 

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