
Qui dit confinement... dit lecture... et j'ai la chance d'avoir une PAL de quelques 100 bouquins! Parmi lesquels je retrouve le cadeau d'une amie offert en mars 2016 et découvre "Otages Intimes" de Jeanne Benhameur en Actes Sud, un format que j'adore!
Résumé: Etienne est reporteur-photographique de guerre, il aime la photo bien sûr mais aussi et surtout partir loin et revenir peu de temps. Cela lui coûte d'ailleurs le départ de Emma sa compagne.
Lors d'un reportage dans un pays en guerre, il est enlevé et séquestré suffisamment longtemps pour ne pas en revenir indemne.
C'est le retour de Etienne que nous relate l'auteur, son difficile retour à une vie ordinaire. Etienne décide de revenir dans son village natal et retrouve sa mère et ses deux amis d'enfance.
Tous les quatre ne sont pas indemnes non plus. Sa mère avait un mari navigateur, Enzo, ébéniste de métier n'a pas su se fixer et est allé de femme en femme et Johanka, célibataire également, est avocate à la Haye et aide les femmes victimes de guerre à l'étranger...
Mon avis: Un récit poignant, très très bien écrit, intimité, solitude face à la mémoire des images, ré-apprivoisement de la vie... beaucoup d'émotions dans ce récit intimiste.
Extraits: "La vieille dame se lève. Elle appuie ses deux mains sur la table et le silence se fait. C'est la verticalité qui a toujours fait taire chacun dans sa classe de campagne, ou dans les pires moments de sa vie quand en la voyant passer, on cessait de la plaindre. On ne plaint pas une femme qui se tient droite. Etre plainte c'est déjà courber la tête. La verticalité elle est là, avant même qu'elle prenne la parole. Les paroles iront droit au but.*
"C'est fini maintenant Etienne, c'est fini.
Non, c'est pas fini. pas à l'intérieur de moi. Il ya des moments tu sais où je me demande si ça finira jamais... j'en ai trop vu...
Quand on dit "trop" c'est "pas assez"
Quoi?
Je dis Quand on dit "trop" c'est que ce n'est pas encore assez.... Tu n'en pas assez vu parce qu'il te reste plein de choses à photographier, Etienne, et de gens. Parce que le monde est vaste et que tu peux regarder ce que tu veux tu comprends, ce que tu choisis, toi, de regarder. Pas là où on t'envoie. Là où toi tu choisis d'aller. Là où toi et veux voir et photographier et partager. c'est ça, non, être photographe?
Moi je suis un photographe de guerre, JO.
Eh bien devient un photographe tout court.