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La fièvre de Sébastien SPITZER

Livre proposé pour le prix des Bibliothécaires de l'association Culture et bibliothèques Pour Tous

            Memphis, juillet 1878 : un homme, blanc, meurt en pleine rue, victime d’un mal fulgurant. C’est le début d’une épidémie de fièvre jaune qui va très vite se répandre et décimer la population. Quatre personnages clés sont au cœur de la tragédie : une tenancière de maison close (Annie Cook), le dirigeant du journal local, proche du Ku Klux Klan, un ancien esclave noir et une petite métisse qui recherche désespérément son père.


            Inspiré d’une histoire dramatique et réelle, ce roman, passionnant et bien construit, se dévore ! Il y est question non seulement d’épidémie mais aussi de racisme : deux sujets d’une brûlante actualité. La brutalité des faits, la montée des périls, l’exode désespéré de la population dans une effroyable panique, les contradictions entre les nantis et les laissés-pour-compte, sont évoqués avec un grand réalisme dans un style très efficace. Passant d’un personnage à l’autre par petites touches, décrivant avec beaucoup de finesse et de justesse leur évolution, Sébastien Spitzer (Le coeur battant du monde) interroge les consciences, fait bouger les lignes, démontre que la nature humaine réserve parfois des surprises, que les "justes" ne sont pas toujours ceux sur lesquels on aurait parié et qu’une situation exceptionnelle peut faire naître des revirements inattendus dans un bon sens comme dans un mauvais. (Analyse de J.M. et M.-N.P. bénévoles et responsables du prix CBPT).

 

                Anne Cook, prostituée et infirmière dont le vrai nom est inconnu, aurait été une femme attirante d’origine allemande qui a grandi dans l’Ohio. Elle travaillait pour une famille du Kentucky, où on se souvenait d’elle pour avoir aidé les victimes pauvres de la variole. Après la guerre civile, Cook s’installe à Memphis et exploite Mansion House, un bordel haut de gamme sur Gayoso Street. En 1872, son bagnio était l’un des dix-huit dans la ville.

                Lorsque l’épidémie de fièvre jaune frappa Memphis en 1873, Cook congédia ses filles, ouvrit son élégante maison aux patients et les soigna de la fièvre. Elle répéta son acte de bienfaisance lors de l’épidémie plus dévastatrice de 1878, obtenant une réputation d’experte dans la prise en charge des victimes de la maladie. Deux de ses « détenues » ont suivi son exemple et se sont portées volontaires comme infirmières. Les articles de journaux ont attiré l’attention sur les sacrifices de Cook; même les « femmes chrétiennes de Louisville » ont salué sa générosité et l’exemple qu’elle a donné. Le 5 septembre 1878, Cook contracte la fièvre jaune. Elle est décédée le 11 septembre.

               L’Association Howard, une organisation de secours locale, a plus tard montré son respect en déplaçant sa tombe sur la parcelle de l’association dans le cimetière d’Elmwood. Dans l’appel de Memphis du 17 septembre 1878, elle fut saluée de façon victorienne comme une pécheresse convertie : « Par péché, la femme, dans toute la tendresse et la plénitude de sa féminité, fusionna, transfigurée et purifiée, deviendrait guérisseur. »

 

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