Shell, a 13 ans , il vit avec ses parents dans un village d'une vallée reculée des Alpes maritimes. Déscolarisé, Shell ne veut pas aller dans un établissement spécialisé et préfère travailler dans la station service de ses parents qui le maltraitent. Shell ne grandira plus dans sa tête, il est la risée de ses camarades d'école mais il veut prouver qu'il peut être un homme et s'enfuit pour aller à la guerre qu'il croit être aux portes de son village... Mais les soldats sont loin et ce petit garçon va s'arrêter sur les hauteurs de sa vallée.
Il rencontre Viviane qui va l'aider à se cacher des gendarmes. Viviane est sa première amie, c'est sa Reine. Il va sagement satisfaire toutes ses volontés comme à une REINE.....
Un roman aux personnages très attachants où amour ou amitié, enfance ou adolescence, rêve et réalité, naïveté et vraisemblance s'entremêlent.
Jean-Baptiste Andréa est réalisateur et scénariste et cela se ressent dans son écriture. "Ma Reine" a reçu plusieurs pris dont le prix fémina des lycéens en 2019.
"Des diables et des saints" que je vous conseille a été primé en 2021.
L'Embellie est un établissement médico-professionnel qui accueille des adolescents de 14 à 21 ans en difficultés. Claire Bodin est enseignante en secrétariat et bureautique, elle est professionnelle, motivée et performante. Elle est surtout là pour accueillir, aider, motiver, valoriser; rassurer ces jeunes trisomiques en perdition intellectuelle et affective. et ce n'est pas l'attitude qu'ont les parents qui supportent mal leurs enfants et souffrent de leurs handicaps....
Bien que cette enseignante a reçu une trop courte formation spécifique, elle est intelligente, a du bon sens et a un grand coeur... Un peu trop grand... car sans s'en rendre compte elle va aller trop loin dans l'affection apportée à Gabriel Noblet, 17 ans en manque d'affection. Elle va réussir à le mettre en confiance et à le faire progresser mais Gabriel va se croire Aimé....
J'ai détesté l'attitude de la directrice qui n'écoute pas la prof, ne la seconde pas et bien au contraire la dévalorise, la fragilise et la ridiculise en lui imposant une expertise psychiatrique. Claire, trop naïve ne saura pas se défendre et bien au contraire trop crédule elle s'enfoncera dans la culpabilité. De plus elle n'aura pas le bon avocat convaincant.
Une fois de plus, Alice Ferney (une auteure que je suis depuis longtemps) aborde un sujet de société compliqué tiré de faits réels. Une histoire touchante, intéressante, bien développée et argumentée qui démontre notre société basée un Etat de Droit. Un roman qui bouscule, une machine judiciaire inquiétante, une société "moiaussi" qui influe peut être trop....
Un style que j'apprécie beaucoup et je vous conseille "Grâce et dénuement" ainsi que "Conversation amoureuse" entre autres titres.
Voici quelques commentaires de Alice Ferney: « Tout ce que je raconte est vrai ; il n’y a absolument rien d’inventé. Quand elle m’a été racontée, l’histoire n’était pas du tout finie, donc je l’ai suivie et j’ai eu des nouvelles continues de ce qui se passait », explique Alice Ferney, jointe par visioconférence à Paris. Pour bien comprendre le contexte de l’affaire, il faut savoir qu’au moment où se déroule la descente aux enfers de Claire, la France est en plein scandale entourant l’affaire du cardinal Barbarin, accusé de ne pas avoir dénoncé les agressions sexuelles commises par un prêtre ; précisément un an après la naissance du mouvement #balancetonporc (le pendant français de #moiaussi). Dans ce climat, « tout geste affectueux devient suspect », écrit Alice Ferney dans son roman.
À tout instant, cependant, l’écrivaine a pris soin de ménager les différentes parties. "Je n'écris jamais pour juger ou pour critiquer, ou pour mettre en pièces; j'écris toujours pour comprendre comment les choses se sont passées. Tout le monde a ses raisons et tout le monde a raison dans ses raisons."
"Dans ce drame aux allures de tragédie grecque, qui s’articule essentiellement autour d’un trio de femmes – l’enseignante, la mère de l’élève et la directrice de l’école – et qui porte à réfléchir sur la place de l’affection dans l’éducation, il y a à la source un malentendu autour des mots, un détournement du sens des mots qui débouche sur « une culpabilité présumée »", estime Alice Ferney.
« La suspicion, déjà, détruit l’innocence ; l’autre vous regarde comme un coupable. Et là, tout le monde embraye, tout le monde suit la mère [de Gabriel]. » Puis, une première juge d’instruction « qui fait mal son travail » précipite l’enchaînement des faits.
"L’écriture, c’est quand même quelque chose d’extraordinaire ; c’est à la fois un acte de pouvoir et de puissance parce que c’est quand même celui qui raconte l’histoire qui la possède, qui impose sa vision. C’est pour ça, d’ailleurs, que ça peut être violent quand vous racontez l’histoire d’un autre. C’était la fameuse phrase de Georges Bataille : ‟Écrire l’histoire d’un autre est une transgression qu’il faut assumer” ", conclut-elle.
"S'adapter" est l'histoire d'une fratrie de 4 enfants dont l'un est "inadapté" et a une espérance de vie assez courte. L'enfance des 3 frères et sœur en sera bouleversée mais chacun saura à sa manière s'adapter à cette difficulté, chacun saura "faire AVEC" et pas CONTRE.
Le 3ème enfant de cette famille Cévenole est aveugle et "mou". Il n'a que l'écoute et l'odorat pour communiquer. Seul le grand frère lui parlera et s'occupera de lui jusqu' à sa mort.
La sœur sera dans le refus et la colère mais réagira.
Et le petit dernier, né après le décès de son frère, arrivera après la bataille et sera le "réparateur".
Ces trois petits soldats s'adapteront avec brio à une situation très dure.
On note bien qu'un seul et même évènement peut être raconté et vécu de façon différente. Ici, selon la place occupée dans la fratrie le vécu est différent. Mais la fratrie peut et sait se réadapter tout en restant toujours l'aîné ou le cadet.
L'auteur est elle-même issue d'une famille Cévenole et décrit cette région comme dure, difficile à vivre où les habitants ont du s'adapter à cette nature, ce qu'elle restitue très bien dans son récit.
L'originalité de ce roman est le narrateur qui sont les pierres! Les pierres parlent, observent, elles sont le témoin de cette histoire familiale. Tout comme une famille, les murs de pierres sèches sont tenus sans liant mais les pierres se soutiennent les unes aux autres . Les pierres ont une mémoire vivante car elles peuvent se déjointer, tomber, être réparées...
L'auteur est une connue pour ses livres sur le moyen-âge, et à cette époque les choses pouvaient avoir un nom comme les cloches, les épées... c'est cette idée que l'on retrouve dans les paroles du mur de pierres.
Un roman qui mérite ses prix: Fémina, Goncourt des lycéens et Landerneau. A lire!