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Marx et la poupée de Maryam MADJIDI

Ce roman a obtenu le Prix HORS CHAMP des lecteurs de l'Association Culture et Bibliothèques Pour Tous.

J'ai rencontré cette auteure à l'occasion de la remise de son prix à Paris.

Iranienne de naissance, Maryam Madjidi vit en France depuis 1986.

Son Roman se compose de 3 parties:

  • la naissance en Iran où elle parle dans le ventre de sa mère
  • l'exil et tout ce que cela engendre: comment combler le vide, le manque de l'Iran...
  • le retour en Iran après 17 ans d'absence

La rencontre avec l'auteure: A son arrivée en France, l'auteure a été scolarisée en classe de CLIN, classe qui recevait les primo arrivants quelque soit leur nationalité. L'auteure assimile CLIN à CLEAN: laver, nettoyer car elle devait oublier sa langue pour faire place à l'apprentissage du Français. Français qu'elle a rapidement acquis pour se démarquer des autres et s'intégrer; malgré ses progrès elle reproche au système de ne pas l'avoir intégrée dans le cursus dit normal en cours d'année.  Elle était dans l'incapacité à accepter sa différence et avait honte de sa langue, elle la cachait. Dans le chapitre Sherim, elle joue en Persan avec Sherim qui s'est exilé lui aussi à Paris.

L'auteure issue d'un milieu communiste, nous a parlé de sa double référence: le militantisme de ses parents d'où leur fuite en France et la petite fille qu'elle était vivant dans un milieu communiste.

C'est un beau roman qui traite de l'exil et de l'accueil avec humour afin de mettre à distance ces graves sujets.

 

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La vraie vie de Adeline DIEUDONNE

Un roman détonnant...

La Vraie vie est le premier roman d'une jeune auteure belge. Elle nous emmène dans un monde incroyable de dureté, de violence, de méchanceté, un monde glauque qui est décrit de façon surprenante par une adolescente, la narratrice, dont nous ne  connaîtrons jamais le nom.

Ce roman pourrait être aussi un manuel de survie pour cette jeune ado devenue guerrière par la force des choses tout en gardant l'innocence de son âge.

« A la maison, il y avait quatre chambres. La mienne, celle de mon petit frère Gilles, celle de mes parents, et celle des cadavres. » Dès la première phrase, on sait qu'on ne lâchera pas ce livre...
La violence est présente, mais elle est racontée au travers des yeux de cette ado donc avec une certaine distance, celle-ci  analyse les faits pour mieux les affronter.
Elle cherche des stratégies pour échapper à ce père immonde, pour sauver son petit frère et peut être sauver sa mère. sa mère qui est battue régulièrement et qui se réfugie dans l'absence; La narratrice la compare à une amibe!.
La jeune ado pour se sortir de cet univers de "fous" va se préserver et étudier les maths et surtout la physique pour devenir Marie Curie!
 
C'est le récit d'une enfant devenue adulte avant l'âge, d'une famille destructrice.
 
Un roman dont on parle sur toutes les antennes et qui le mérite
 
Extraits: " Les histoires, elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n'arrive pas dans la vraie vie." p17
 
' Gille riait tout le temps avec ses petites dents de lait. Et, chaque fois, son rire me réchauffait;...... Le rire de Gilles pouvait guérir toutes les blessures." p18
 
 "J’aimais la nature et sa parfaite indifférence. Sa façon d’appliquer son plan précis de survie et de reproduction, quoi qu’il puisse se passer chez moi. Mon père démolissait ma mère et les oiseaux s’en foutaient. Je trouvais ça réconfortant. Ils continuaient de gazouiller. » (p. 60 et 61)"

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Un monde à portée de main de Maylis De KERANGAL

Dans ce roman, Maylis nous plonge une nouvelle fois dans un milieu inhabituel.

Cette fois-ci, elle a choisi le monde de la peinture et plus particulièrement le trompe-l'œil et le facsimilé.

Paula, , Kate et Jonas étudiants dans cet Institut de la rue du Métal en Belgique vont sympathiser et rester en contact après leur année d'études.

Avec une magnifique écriture, un vocabulaire adapté, des explications détaillées l'auteur nous transporte à Bruxelles, Moscou et enfin Lascaux.

L'auteur s'attache plus particulièrement au personnage de Paula qui après 2 années d'études des arts entre dans cette école dans laquelle elle s'émancipe et se dévoile.

J'ai pensé que Maylis De Kérangal connaissait bien le monde des jeunes adultes qui se cherchent, ont des manières , un langage qui leur son propre car on retrouve nos jeunes qui nous entourent dans ses descriptions.

Cette auteure connaît bien le monde de l'imitation car elle explique comment apprendre à  imiter le bois, le marbre, l'écaille de la tortue.... et surtout,comprendre comment  entrer en relation avec le sujet à imiter, et cela c'est Jonas qui fera prendre conscience à Paula de cette dimension: être sensible à la mélancolie de l'orme, à la vitesse du frêne, à la paresse du saule blanc...

Certes je suis une inconditionnelle de Maylis mais j'avoue que cette fois et encore plus que les précédentes lectures,  je me suis laissée emportée par ses phrases en mouvement...

Bref un régal !!!

Extrait: " Octobre, les bois. Sensation d'entrer dans une pénombre que trouent çà et là des puits de lumière, dans un espace acoustique que traversent, harmonieux ou dissonants, d'autres corps et d'autres voix. D'autres langues aussi, et celle que l'on parle dans l'atelier est une langue inconnue que Paula doit apprendre...elle engrange les mots tel un trésor de guerre, tel un vivier, troublée d'en deviner la profusion - comme une main plonge à l'aveugle dans un sac sans jamais en sentir le fond -, tandis qu'elle nomme les arbres et les pierres, les racines et les sols, les pigments et les poudres, les pollens, les poussières, tandis qu'elle apprend à distinguer, à spécifier puis à user de ces mots pour elle-même, si bien que ce carnet prendra progressivement valeur d'attelle et de boussole : à mesure que le monde glisse, se double, se reproduit, à mesure que la fabrique de l'illusion s'accomplit, c'est dans le langage que Paula situe ses points d'appui, ses points de contact avec la réalité."

C'est beau non !!!!

 

 

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La toile du monde de Antonin VARENNE

Résumé: Aileen Bowman , américaine d'origine indienne, est journaliste socialiste au New York Tribune. Elle part pour Paris afin de couvrir l'Exposition Universelle de 1900, une expo d'une telle ampleur que le monde parisien est en effervescence.

Aileen est un véritable garçon manqué, elle s'habille en tenue de cow-boy, se moquant totalement du qu'en dira-t-on. Ce reportage est pour cette femme trop émancipée pour l'époque, l'occasion de se plonger dans l'histoire complexe de sa famille, une histoire qui la dérange beaucoup.

Mais c'est aussi l'histoire de Paris, une ville en pleine mutation avec la construction du métropolitain, la présence d'artistes de tout horizon. L'histoire de la société dans laquelle les femmes demandent le droit de vote, le droit d'être avocate, etc...

Mon avis: Plusieurs mondes se mêlent dans ce roman: le monde des artistes, la recherche des racines, l'évolution de la société... 

J'ai beaucoup apprécié les articles de Aileen. Pour écrire ses articles, elle se glisse dans la peau de la ville de Paris qui devient une prostituée. J'ai apprécié également la présence d'artistes, peintres, écrivains, etc...

Ce roman est la fin d'une trilogie et heureusement il peut se lire sans avoir lu les précédents;

 

 

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Retour à Killybegs de Sorj CHALANDON

 

Le conflit nord-irlandais, appelé aussi « Les Troubles » est une période de violences et d'agitation politique en Irlande du Nord dans la seconde moitié du XXe siècle. Il débute à la fin des années 1960 et est considéré comme terminé entre 1997 et 2007 selon les interprétations. La violence continue cependant après cette date, mais de façon occasionnelle et à petite échelle, tandis que la plupart des groupes belligérants déposent les armes.

 

En 2008, le roman Mon traître (cf article) s'inspire de l'histoire personnelle de l'auteur : son amitié avec Denis Donaldson , vue par le biais d'un narrateur parisien; trois ans plus tard, l'histoire romancée est racontée sous l'angle du « traître », dans Retour à Killybegs.

Le résumé: C'est la vie de Tyrone Meehan, battu par son père, fils d'une fratrie de 9 enfants qui vivent dans la misère après la violence de la seconde guerre mondiale. Ce héros devenu un vieillard détesté par sa communauté revient dans la maison paternelle. Il y attend ses tueurs qui ne peuvent pas comprendre la situation complexe, absurde dans laquelle Tyrone s'est enfoncé.

Il revit son passé dans un dénuement extrême, réchauffé par l'alcool.

Ce livre nous plonge dans le monde de l'IRA 'Armée Révolutionnaire Irlandaise). Dans les années 1960 les actualités accusaient les membres de l'IRA d'une telle violence qu'ils  déclenchaient des réponses sanglantes de la part des britanniques.

Cette guerre civile entre protestants et catholiques  a démarré à la suite de plusieurs éléments:

  • La misère des années noires après guerre
  • Le déchirement de l'Irlande en 2 pays
  • La mise en place d'une frontière
  • La création de l'Ulster
  • L'oppression britannique et de ce fait la résistance des irlandais par les grèves de la faim et les prisons pleines de prisonniers qui voulaient avoir le statut de prisonniers politiques. Mais les britanniques (M Tatcher) ont toujours refusé cette demande.

 Si dans un premier  temps  Tyrone, engagé dans l'IRA très jeune, emprisonné dans des conditions ignobles, populaire et admiré a une attitude très sincère vis à vis de son parti; il finit par trahir ses camarades, dénonçant ou aidant à l'arrestation de ses amis. 


Le 24 décembre 2006, au cours d'une conférence de presse, il s'est libéré d'un secret, il a trahi son camp depuis vingt-cinq ans en donnant des renseignements aux anglais, lui l'homme respecté et admiré de tous, l'un des leaders de l'IRA. A ses côtés, Sheila, sa femme, toujours là pour lui.

Ce livre montre la dureté mais aussi la résistance des hommes et du pouvoir britannique.

Mais aussi la solidarité entre les frères de l'IRA, la guerre, les arrangements, la violence.

 

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