Résumé: Hans Olofson est un jeune suédois élévé par son père alcoolique, sa mère a disparu dans son enfance. Il a bien du mal à se construire dans cette vie terne où il perd deux amis de façon tragique.
A 20 ans, il décide de réaliser la volonté d'une amie: partir en Afrique pour se rendre sur la tombe d'un missionnaire et faire de l'humanitaire.
Hans restera 19 ans dans ce pays croyant pouvoir être meilleur que les autres, se faire ami avec les noirs, les former, leur apprendre la gestion d'une ferme, leur donner du pouvoir... mais ce sera un échec.
Et dans ce pays qu'il ne comprend pas, il va être confronté à la violence, au rascisme entre les noirs et les blancs colonisateurs, à la pagaille d'un pays mal dirigé, à la corruption et pourtant Hans va tenter d'apporter inlassablement, des changements positifs.
Mon avis: Ce livre est écrit en deux temps, à chaque chapitre nous changeons de pays allant de la Suède à la Zambie sans vraiment suivre la chronologie de la vie de Hans car dès les premières pages il dit ne pas comprendre pour quelle raison il est resté 19 ans dans ce pays.
C'est tout au long de la lecture que l'on va découvrir le chemin parcouru par Hans, toujours à la recherche de lui-même; essayant d'échapper à tous ses démons de l'enfance.
Ce livre sans optimisme aucun, est dérangeant car l'auteur décrit l'Afrique, du moins la Zambie, telle qu'elle est réellement. Les colonisateurs blancs profitent du système, de leurs compétences pour s'enrichir, pour exploiter les africains. Les noirs obéissent tout en haïssant leurs chefs blancs et sont prêts à se rebeller et à tuer. Tous vivent dans un monde de corruption.
L'auteur montre également un mélange entre la modernité (élevage de milliers de poules) et les traditions (croyances et autres sorcelleries) mais aussi et surtout Mankell démontre l'amour qu'il porte à ce pays.
Voici quelques extraits qui portent à la réflexion....
"Il se demandait (...) pourquoi elle avait abandonnée son fils? Pourquoi elle s'était comportée comme un homme? Les pères abandonnent, les pères disparaissent. Mais pas les mères."
"C'est le sort des femmes de décider de l'avenir de l'Afrique, songe-t-il. Les hommes passent leur temps à l'ombre des arbres alors que les femmes transportent d'énormes sacs de maïs sur leur tête et mettent des enfants au monde."
"On n'a rien à craindre de ceux qui crient. Ce sont les silencieux qu'il faut surveiller."
"Manifestement, dans ce pays, il n'y a pas de rapports de confiance entre les Noirs et les Blancs. Un abîme sépare leurs deux mondes. D'un côté on lance des ordres et de l'autre on les reçoit, c'est tout."
"Hans Olofson, lui, ne peut pas comparer la mort à un être en chair et en os. Selon lui, si elle avait un visage, elle serait aussi facile à vaincre que les épouvantails qui protègent les groseilliers du marchand de chevaux.
Non, la mort est plus vague, plus complexe. Elle est un vent glacial qui se met soudain à souffler sur le fleuve sans que la surface ne se ride."
"Aujourd'hui, le colonialisme n'existe plus, sauf en Afrique du Sud et dans les colonies portugaises.Mais les Blancs sont encore là et leur mentalité n'a pas changé. Une époque transmet toujours une poignée d'hommes nostalgiques du passé à l'époque suivante. Ils regardent leurs mains vides en se demandant où sont passées les armes du pouvoir et ils découvrent avec stupéfaction qu'elles se trouvent entre les mains de ceux à qui ils ne se sont jamais adressés autrement qu'en leur donnant des ordres."
"Le monde est ce qu'il est. Les oppositions sont plus grandes que jamais. Les nouveaux impérialistes sont les marchands d'armes internationaux, ceux qui passent d'une guerre à une autre en proposant leur artillerie. La colonisation des peuples pauvres est aujourd'hui plus que jamais d'actualité. Des milliers de dollars d'une soi-disant aide au développement affluent des pays riches, mais pour chaque dollar qui entre il y en deux qui sortent. Nous vivons au beau milieu d'une catastrophe, dans un monde en feu. Des relations amicales peuvent encore exister, mais souvent on ne se rend pas compte que notre terre commune est déjà minée."
"Un empire qu'on construit sur la base la plus fragile, à savoir sur l'oppression et l'aliénation, est une construction destinée à s'effondrer avant même d'être achevée."
A Noter: Henning Mankell passe sa vie entre la Suède et le Mozambique.